Rencontre avec Bertrande de Ladoucette, créatrice des Jardins de Viels-Maisons

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À une heure de Paris, les magnifiques Jardins de Viels-Maisons s'étendent au pied d'une vieille église romane du XIIe siècle, en Picardie. Sur trois hectares, les différents parcs se succèdent mais ne se ressemblent pas. Créés il y a trente par Bertrande de Ladoucette, avec l'aide de la paysagiste Sonja Gauron, ils offrent une collection de plantes toujours très recherchées et nous sont présentés aujourd'hui avec passion par leur propriétaire.

Parlez-nous de votre parcours…

Mère de cinq enfants, je vis à la campagne depuis des années. Une fois mes quatre garçons mariés, je me suis vite dit qu'il fallait que je trouve une bonne occupation pour ne pas trop ennuyer mes belles-filles. Et la première chose qui m'est venue à l'esprit a été de créer un jardin. J'avais tout ce grand parc, un immense terrain. Je pouvais donc tout inventer. Je préparais en plus un joli cadre pour marier cette fois ma petite dernière et sans vraiment le savoir j'allais également redynamiser mon village. Car je réalisais ce jardin pour moi, bien sûr, mais aussi pour attirer un public d'amateurs qui, par la même occasion, pourrait faire un petit tour dans " mon " église. Il faut dire que j'aime cette église et je désespérais de la voir fermée tous les jours. Avec une de ses portes attenante à ma propriété, je rassemblais les activités et développais une double attractivité dans le bourg de Viels-Maisons.

Et que peut-on trouver dans vos jardins ?

Au total, il y en a sept : un cadran solaire analemmatique, une collection d'hydrangéas paniculatas, un jardin anglais, un jardin romantique, un jardin plus sauvage, le bois des 23 petits enfants et enfin le jardin des 4 saisons, créé il y a deux ans, à la place du jardin de curé à la française. La transformation de ce dernier a été radicale. J'ai tout simplifié car, pour moi qui aie 76 ans, le concept demandait beaucoup trop de travail. Aujourd'hui, dans cette parcelle, j'ai quatre espaces qui célèbrent tour à tour le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Le but était de présenter tout ce que l'on peut trouver comme fleurs ou arbustes à chaque moment de l'année. Et je continue à chercher et à trier par saison de nouvelles plantes et cela toujours dans un esprit didactique.

C'est cette idée de transmission qui vous plait aujourd'hui ?

Oui, car le public a énormément évolué depuis mes débuts. Même si je reçois encore des visiteurs simplement curieux, mon jardin est davantage fréquenté par de fins connaisseurs, qui sont même sévères parfois. Et ce qui me frappe encore plus c'est qu'ils ont envie de tout savoir, ils sont attentifs à toutes sortes de conseils, sur le traitement par exemple. Ils s'étonnent toujours de voir que je n'ai pas de puceron dans mon jardin. Je leur confie alors quelques astuces sur le rôle des abeilles, l'atout de la lavande et même celui du fumier. Aussi, au mois de mars, je donne des cours de taille de rosiers anciens - la technique est d'ailleurs très différente de celle des rosiers modernes. Il est alors très facile de faire fleurir ces roses tout le temps, de juin à octobre. Ensuite l'hiver reprend le dessus.

Mais que se passe-t-il en hiver justement ?

Le jardin est " invisible " à cette époque. C'est à ce moment que l'on retravaille les parterres et que l'on prépare les plantes à affronter les basses températures… La plupart de mes plantes sont vivaces . Je ne cours pas les jardineries au printemps. Il faut donc que j'en prenne soin tout au long de la saison. Car, depuis la transformation de mon jardin, il faut que ça pousse, que ça grandisse. Mais, moi, ce que j'aime surtout, en hiver, c'est profiter de ce jardin. Car c'est au petit matin, sous le givre, qu'il révèle toute sa splendeur. Il y de nombreuses graminées, des arbres aux couleurs splendides et aux senteurs sucrées… C'est une vraie merveille ! Toutes les informations pratiques sur le site internet : //www.jardins-vielsmaisons.net/